• Bassac

     

     

     

     

     

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    Commune de Bassac

    Bassac (539 hab.) en 2017 est un gros bourg, situé à huit kilomètres de Jarnac et à vingt-deux kilomètres de Cognac. Avec ses rues étroites et tortueuses, il a gardé à peu près la même physionomie qu'il avait autrefois.

    Les registres de l'état civil remontent à l'année 1621.

    Bassac possédait, à l'entrée de la ville, une église paroissiale dédiée à Saint-Nicolas. C'était une construction remarquable du treizième siècle, dominée par un beau clocher à deux étages. Il ne reste plus que le mur nord de cette église.

    La commune de Bassac est limitée, au sud, par la Charente, qui se divise  en un grand nombre de bras et, à l'est, par un petit affluent du fleuve, la Guirlande. La vallée de la Charente comprend de vastes et magnifiques prairies, qui forment le tiers de la surface totale de la commune. Le nord renferme de beaux vignobles.

    Blog de sylviebernard-art-bouteville : sylviebernard-art-bouteville, BASSAC

    Les principales voies de communication sont la route de Châteauneuf à Jarnac( chemin de grande communication N°22 de Saint-Séverin à Matha) et la route de Saint-même à Mérignac (chemin de grande communication N°11 de Celles à Confolens), qui se croisent au bourg de Bassac. 

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     La commune de Bassac ne compte que deux hameaux importants: Cheville, dans le nord de la commune, et Bassijean, près de la route de Châteauneuf.

     

     

    Commune de Bassac

    Dans les premières années du onzième siècle, le seigneur de Jarnac, Wardrade, ayant fait voeu d'édifier sur ses terres un monastère de l'ordre de Saint-Benoît, si dieu lui accordait la grâce de devenir père, fixa son choix, d'accord avec son épouse, Rixendis, sur le petit bourg de Bassac, qui remplissait les conditions les plus favorables pour une pareille entreprise.

    Il était, en effet, difficile de rencontrer un endroit plus propice: de vastes prairies baignées par la Charente, des terres fertiles, de grands bois, une population paisible formaient le cadre naturel, au centre duquel allait s'élever la nouvelle abbaye.

     

    Bassac

    Les fondements en furent tracés par Islo, évêque de Saintes, et la charte, qui consacra la fondation de l'abbaye de Saint-Etienne de Bassac, fut signée par d'importants personnages de l'époque, parmi lesquels nous pouvons citer: le pape Benoît VIII, Islo, évêque de Saintes, Grimord, évêque d'Angoulême, Seguin, archevêque de Bordeaux, Guillaume, duc d'Aquitaine, Guillaume II , comte d'Angoulême, et beaucoup d'autre seigneurs.

    Lorsque le monastère fut édifié, Wardrade lui assura les revenus nécessaires; puis il y appela des moines de l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême et mit à leur tête un des leurs, Aymard, qui était renommé par sa haute piété. Quelque temps après, l'église de la nouvelle abbaye fut consacrée par les évêques d'Angoulême et de Saintes.

     

    Bassac

    Vers la fin du onzième siècle, la discipline s'étant relâchée parmi les moines de l'abbaye de Bassac, le pape Urbain II crut devoir les soumettre à l'autorité de l'abbé de Saint-Jean d'Angély. Cet acte de vigueur, dont les effets devaient se faire sentir pendant plus de cent cinquante ans, eut pour résultat de relever l'abbaye de la décadence dont elle était menacée et de la replacer parmi les abbayes les plus riches et les plus propères de la Saintonge.

    C'est vers le milieu du treizième siècle que les moines de Bassac réussirent à s'affranchir de la sujétion qui liait à Saint-Jean d'Angély . A la même époque, l'église primitive, devenue insuffisante, fut agrandie et remplacée par un autre monument beaucoup plus vaste.

     

    Les treizième et quatorzième siècles furent une période de grande prospèrité pour l'abbaye de Bassac. Grâce à sa situation écartée, le monastère put franchir sans dommages la première période de la guerre de Cent ans. Bien plus, l'abbaye de Saint-Jean d'Angély ayant été pillée et ruinée, en 1346, par le duc de Lancastre, une partie de ses religieux se réfugièrent à l'abbaye de Bassac, dont le personnel fut, de ce fait, considérablement augmenté.

    Bassac

    Cette tranquillité ne devait pas durer. En 1434, une troupe d'Anglo-Gascons, commandée par le maire de Bordeaux, s'empara de la petite ville de Bassac; les bâtiments de l'abbaye fut ruinés; les religieux et les habitants furent dispersés et plusieurs d'entre eux furent emmenés en captivité. Tout le pays environnant fut également saccagé. Lorsque la tourmente fut apaisée, les moines qui avaient échappé au désastre ne retrouvèrent, à la place de leur couvent, qu'un morceau de ruines et durent se retirer dans quelques maisons particulières.

     

    Pour remédier à une telle situation, il était nécessaire que le monastère eût à sa tête un homme énergique et intelligent, capable de s'opposer aux empiétements des seigneurs voisins. Le choix des religieux se porta sur Henri de Courbon, prieur de Jarnac, qui réunissait toutes les qualités voulues. Issu d'une frande famille de la Saintonge, c'était un homme sage et courageux qui, à une haute vertu, joignait une grande fermeté de caractère.

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    A son arrivée à Bassac, il trouva les murailles de l'abbaye détruites, Il fit donc reconstruire le monastère et les cloîtres et rebâtir la maison abbatiale; puis, afin de mettre le couvent à l'abri d'un coup de main, il fit fortifier l'église et entourer l'abbaye d'un mur d'enceinte percé de meutrières.

     

    Craignant que les moines de l'abbaye ne suivissent l'exemple de beaucoup de monastères, où la discipline avait une fâcheuse tendance à se relâcher, il la fixa par de sages règlements et mit tout en oeuvre pour stimuler le zèle et la faveur de ses religieux. C'est sous sa direction que fut commencé le Cartulaire de l'abbaye de Bassac.

    Deux procès, qu'il eut à soutenir contre le seigneur de Jarnac, montrent avec quelle ardeur il défendit les droits et les privilèges de son monastère.

     

    Renaud Chabot, seigneur de Jarnac, qui avait droit de haute, moyenne et basse justice sur l'étendue de sa seigneurie, prétendait avoir juridiction sur les hommes de l'abbaye de Bassac. L'abbé de Bassac ne pouvait admettre cette prétention; aussi n'en continuait-il pas moins de faire tenir ses assises par un sénéchal et un prévôt. Voici à quelle occasion ce différend fut tranché en faveur de l'abbaye.

    Bassac

    Une rixe étant survenue entre quelques paysans sur un fief relevant de la seigneurie de Jarnac, mais appartenant à l'abbaye de Bassac, l'abbé évoqua l'affaire devant le prévôt de l'abbaye.

     

     Renaud Chabot se pourvut aussitôt auprès du sénéchal du Poitou. Mais, avant que ce magistrat eût rendu son jugement, le comte Jean d'Angoulême avait fait consentir les deux parties à s'en remettre à l'arbitrage de maître Nicolas Acton, lieutenant général en la sénéchaussée d'Angoumois, qui décida que le prétention du seigneur de Jarnac était inadmissible.

     

    Le seigneur de Jarnac conçut un vif dépit de cet échec, et pour en tirer vengeance, son fils. Louis Chabot, réclama une partie des revenus du prieuré de Jarnac, dont Henri de Courbon avait conservé le bénéfice. Il en résulta un procès qui dura dix ans et qui se termina également en faveur de l'abbé de Bassac.

    Les successeurs d'Henri de Courbon suivirent son exemple et continuèrent son oeuvre.

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    Avec Jean de Puyguyon commença, en 1538, la série des abbés commendataires. Après sa mort, survenue en 1558, le seigneur de Jarnac s'empara indûment des revenus de l'abbaye; puis il en fit passer le bénéfice sur la tête de son frère, Jean Chabot.

    Après avoir été un fervent adepte du protestantisme, ce dernier était revenu à la foi de ses pères. Aussi fut-il en butte à la haine de ses anciens coreligionnaires qui, pour se venger, s'en prirent à ses abbayes. L'église de Bassac fut encore pillée et ceux des moines qui purent échapper à la mort durent se disperser (1562). 

     

    Pendant la sanglante bataille qui mit aux prises les catholiques et les protestants, le 15 mars 1569, et qui se déroula dans la plaine de Bassac, cette petite ville et son abbaye furent saçagées alternativement par les deux partis. L'église Saint-Etienne et l'église paroissiale de Saint-Nicolas furent criblées de projectiles; des moines et des habitants furent massacrés et d'autre emmenés prisonniers.

     

    Bassac

    Lorsque les moines purent revenir, ils retrouvèrent de nouveau leur monastère en ruines et durent s'abriter comme ils le purent.

    Pendant les dix-septième et dix-huitième siècles, l'abbaye de Bassac se releva lentement de ses ruines; la reconstruction en dura plus d'un siècle. La paix et la tranquillité étaient revenues et l'existence des moines se poursuivit dans le plus grand calme. Aussi, nous nous contenterons de signaler un différent qui éclata, dans les premières années du dix-huitième siècle, entre l'abbaye et les gabariers.

     

    Bassac

    De temps immémorial, les moines de Bassac jouissaient du droit de prélever deux boisseaux de sel sur chaque gabare de sel qui remontait la rivière, à la charge par eux d'entrenir la rivière en bon état de navigabilité dans toute l'étendue de l'abbaye. Profitant du mauvais état de l'écluse du Pas du Loup, près de Juac, les gabariers se refusaient à payer ce droit et demandaient que l'écluse fût transportée plus près de Saint-Amant-de-Graves, c'est-à-dire en dehors des terres de l'abbaye. Portée d'abord au présidial d'Angoulême, puis au conseil d'Etat, l'affaire fut soumise à l'arbitrage du sieur de Lesseville, intendant de la généralité de Limoges, qui donna gain de cause à l'abbaye.

     

    Le dernier abbé de Bassac fut Green de Saint-Marsault, qui garda ce bénéfice jusqu'à la révolution. A cette époque, l'abbaye de Bassac subit le sort des autres monastère: les moines en furent expulsés et leurs biens, saisis.

    L'ancienne église ablatiale Saint-Etienne de Bassac, devenue aujourd'hui paroissiale, mérite toute l'attention des archéologues et  des artistes.

    Bassac

     

     Elle est encore entourée des bâtiments de l'abbaye, tous remarquables par leur belle ordonnance, et quelques-uns par la perfection de leurs détails architecturaux. Mais tout disparaît devant la splendeur de la belle église, classée, avec son mobilier, parmi les monuments historiques.

     

    Cette vaste église conserve quelques traces de sa construction primitive, au onzième siècle, mais elle a été à peu près entièrement restaurée au treizième siècle. On ne peut se lasser d'admirer sa belle façade aux arcs cintrés, mais enchaînés dans toutes les délicates ornementations de l'art ogival. Le clocher, à quatre étages, dont la date semble n'être pas absolument la même, est couronné d'une belle flèche à écailles et est un des plus admirables modèles des tours charentaises.

    Bassac

     

    L'intérieur, partagé en deux parties égales par un jubé, garde, dans sa portion inférieure, sous un arceau, la sépulture des fondateurs, Wardrade et Rixendis, seigneurs de Jarnac. Les deux autres travées supérieures, contiennent les quarante stalles des moines bénédictins et le rétable de l'autel.

     

     Ce dernier, sculpté dans la pierre en haut-relief, est d'un effet superbe par le fini et la délicatesse des arabesques des rinceaux et des statuettes qui le remplissent.

    Les stalles et le lutrin sont absolument remarquables. Deux cariatides, deux corbeilles de fleurs et les miséricordes qui supportent l'accotoir des sièges sont de la plus belle exécution. 

     

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    Les restaurations consciencieuses, accomplies depuis quelques années par l'administration des Beaux-Arts, font de l'église de Bassac le bijou architectural de cette région de la Charente.

     

     Bassac portait autrefois le titre de ville. De hautes murailles et des fossés larges et profonds en défendaient l'accès. Au midi, la Charente lui faisait une limite naturelle. En dehors de celles du monastère, il y avait trois portes: la porte Saint-Benoît, entre l'abbaye et le bourg; la porte Saint-Nicolas, près de l'église paroissiale et la porte Barrière, qui donnait accès sur le chemin d'Angoulême.

    Documentation: J. Martin-Buchey ancien professeur d'histoire.1914-1917